La solution de Barfla:
J’ai voulu faire un coucou à un écrivain britannique d’origine irlandaise, du dix-huitième, que j’aime beaucoup, Laurence Sterne.
C’est l’auteur d’un roman délirant en diable et extrêmement novateur, Tristram Shandy.
Diderot s’en est d’ailleurs largement inspiré pour son surprenant Jacques le fataliste.
Ce que j’aime dans Tristram, c’est que Sterne joue avec le lecteur, avec ses attentes, son goût du romanesque en particulier (qu’il s’amuse à décevoir), avec la façon ordinaire d’écrire un roman :
il laisse par exemple une page toute blanche pour que lecteur puisse faire le portrait d’un
personnage qui l’intéresse,
ou bien il fait figurer la préface de son roman à la cent cinquantième page (il estime avoir alors du temps pour cela puisque ses personnages ne font rien d’intéressant !)
Mais le roman qui m’intéressait pour la Voyageuse est
The Sentimental Journey through France and Italy.

C’est un « roman » adorable, où Sterne, francophile convaincu, joue sans arrêt avec les deux langues, cela donne des remarques savoureuses sur les jurons français :
« It is not mal à propos to take notice here, that though La Fleur availed himself of two different terms of exclamation in this encounter – namely, Diable ! and Peste! that there are nevertheless three, in the french language...» (Le troisième, que Sterne refuse de nommer, semblant bien être Foutre!)
C’est aussi un roman qui se déroule en partie dans le nord de la France (le voyageur, Yorick – nom emprunté au Hamlet de Shakespeare - connaît diverses aventures, à Calais, Montreuil, Nampont et Amiens) ;
d’ailleurs le valet que prend Yorick, son valet picard, s’appelle… La Fleur !
Enfin, c’est depuis ce roman qu’on utilise en français l’adjectif sentimental.
Le succès du roman a lancé ce mot, qui a fait son nid, au point qu’on ne songe jamais à un anglicisme en l’utilisant !
Le passage concerné pour la ciste se déroule à Nampont :
Yorick et La Fleur ont dû s’y arrêter à cause d’un âne mort en travers de la route qui a si bien effrayé le cheval de La Fleur qu’il a expulsé le « pauvre garçon » d’une vigoureuse ruade et s’est enfui.
« La Fleur bore his fall like a French christian, saying neither more or less upon it, than Diable !»
Après une pause à Nampont (pour écouter le récit pathétique du maître de l’âne mort),
Yorick et La Fleur reprennent la route d’Amiens et…
c’est alors que le postillon de Yorick part au grand galop.
« Je lui criai (…) d’aller plus lentement - et plus je criais, plus impitoyablement il galopait – Le Diable les emporte, lui et son galop – dis-je – il va continuer à m’arracher les nerfs jusqu’à ce qu’il m’ait jeté dans une sotte colère, et alors, il ira lentement, pour me permettre d’en savourer les douceurs.
Le postillon accomplit la chose à merveille : au moment où il atteignit le bas d’une côte roide, à une demi-lieue de Nampont, - il m’avait mis en colère contre lui – et contre moi-même ensuite, d’être en colère. »
Il me fallait donc une cachette sur la route d’Amiens, à environ deux kilomètres de Nampont : j’ai bien sûr repéré comme site idéal le moulin en ruines.

Comme il semble parfois lieu de rencontre, j’ai préféré mettre la ciste à l’extérieur, près d’une des portes.
Avec la photo du forum, elle doit pouvoir être récupérée.
Je dois quand même demander pardon pour la faiblesse du jeu de mots moulin-moteur !
Voilà un aperçu de la genèse de cette ciste, j’espère ne pas vous avoir trop assommés avec mon cours de littérature !
Comme les chercheurs peinaient un peu, j’ai mis un premier indice :
le garçon d’une exquise fantaisie : le Yorick de Hamlet .

Je ne suis pas sûr que cet indice ait beaucoup aidé les quêteurs…
Puis j’ai orienté les recherches vers l’auteur : un écrivain anglais d’origine irlandaise du dix-huitième siècle, d’état ecclésiastique (l’irish joke) et ai mis la photo d’un oiseau en deuxième indice :

Une sterne évidemment !
J’ai vite compris que Sibiville avait découvert mais, clouée par la maladie,
elle a dû céder son tour à Gégé80, toujours d’attaque !
BRAVO à tous les deux !